Au fond du puits

 

Tableau
Acrylique, techniques mixtes
140 x 120 cm
2022 




La description de la peinture vient à la place de la représentation. Elle invite le spectateur à halluciner la scène du puits de Lascaux. Elle reprend le constat de Bataille qui à propos de Manet écrivait : « la peinture efface le texte », en le faisant apparaître. Mais il n’y a pas de description qui ne soit une interprétation. Celle-ci confère à la figure animale la charge de porter l’irreprésentable de la mort. Relisant Lascaux ou la naissance de l’art de Bataille, Blanchot notait ceci en réponse (L’Amitié, p. 20) : 
« L’homme, on le sait, n’est représenté et par quelques traits schématiques que dans la scène du puits, étendu entre un bison qui fonce et un rhinocéros qui se détourne. Est-il mort ? endormi ? simule-t-il une immobilité magique ? va-t-il venir, revenir à la vie ? Cette esquisse a exercé la science et l’ingéniosité des spécialistes. Il est assez frappant qu’avec la figuration de l’homme s’introduise dans cette œuvre autrement presque sans secret un élément d’énigme, que s’y introduisent aussi une scène, comme un récit, une impure dramatisation historique. Mais il me semble que le sens de ce dessin obscur est, malgré tout, très clair : c’est la première signature du premier tableau, la marque laissée modestement dans un coin, la trace furtive, craintive, ineffaçable de l’homme qui pour la première fois naît de son œuvre, mais qui se sent, aussi, gravement menacé par elle et peut-être déjà frappé de mort. »