Installation
Techniques mixtes
2014
Plan et vue de Tolède (1610-1614) est l’un des rares tableaux qui n’a pas été commandité au Greco. Il est, autant qu’un paysage, un portrait de son fils qui tend une carte de la ville qu’il a lui-même dessinée. En position d’intercesseur, il montre la ville, indiquant qu’il y a quelque chose à voir, qui redouble le geste même du peintre. Comme dans d’autres tableaux où Le Greco lui-même s’est représenté pour intervenir sur un autre plan de la représentation, cette répétition laisse à penser qu’il y a surtout quelque chose de dissimulé dans une peinture où par définition tout est rendu visible. Comme à son habitude, Le Greco a peint le paysage de Tolède de nuit, que l’art de peindre restitue comme en plein jour, à l’instar de l’inquisition qui prétendait sonder les âmes. Le plan de la ville est tenue tête en bas (le nord au sud), mais dans le sens de la ville que l’on voit représentée. On remarquera que les anges qui virevoltent au-dessus de la ville, se superposent exactement, à condition de les faire basculer de 180 degrés, au dessin de la ville. Le nuage lui-même, qui est peint à l’envers, semble suggérer cette opération. On constatera alors qu’à la suite de l’enfant, c’est l’aile d’un ange qui semble à son tour indiquer un point (qui reste à creuser) au-delà du Tage.